lundi 30 juin 2014

Arrêtez d'être

Arrêtez d'être !

Ceci est un message du gouvernement pour vous aider à lutter contre les discriminations dont vous êtes victimes. Arrêtez d'être ce que vous êtes.

Par son sous-titre la campagne ''Arrêtez d’être'' nous invite à rire d'un sujet grave : faut-il cesser d'être soi pour être considéré comme intégré à part entière dans notre société ?

Les crispations se multiplient autour des enjeux identitaires. Mais d'où vient cette rigidification de notre norme collective ?
A en croire certains, être différent de la norme serait un péril pour notre République. Mais qu'est-ce donc qu'être différent ? Ne le sommes nous pas tous ?

De par notre genre, notre culture, notre enfance, notre nationalité, notre trajectoire de vie...de par nos goûts, nos convictions, nous sommes tous différents.

Nous sommes différents car nous nous façonnons avec des perception différentes du monde qui nous entoure.

Libres de nos opinions, de nos engagements, de nos choix ; nous menons nos vies de manières différentes. Et nous différons de nous-même par l'évolution de notre comportement au fil de notre vie (pas le même à 20 ans qu'à 30, pas le même en face de ses parents ou de ses enfants, etc..)


Cependant nous sommes faits des mêmes affects, des mêmes étapes de vie... ce sont les mêmes ressorts qui nous animent.

Nous sommes tous différents, et pourtant si semblables...

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Pyramide_des_besoins_de_MaslowTout être humain a des besoins fondamentaux similaires. Le psychologue Abraham Maslow les classe par groupes de besoins :
  • les besoins physiologiques,
  • les besoins de sécurité,
  • les besoins d'appartenance et d'amour,
  • les besoins d'estime et
  • le besoin d'accomplissement de soi



Autant perfectible que puisse être sa théorie, elle a le mérite d'éclairer ce qui est moteur de bon nombre de comportements humains : la quête de satisfaction des besoins fondamentaux.

    Nous vivons dans une société d'abondance dans laquelle il est rare de passer plus d'une journée sans trouver de l'eau potable à disposition ou plus de deux jours sans trouver de nourriture comestible gratuitement accessible ; ce qui n'est pas le cas de millions d'autres personnes sur notre planète ----> Nos besoins physiologiques sont satisfaits.

Il n'en va pas de même pour tous nos besoins :

    * L'augmentation de la quantité d'informations à disposition de chacun est constante ; nombreux sont les médias qui cherchent leur audience en multipliant les images spectaculaires, le plus souvent négatives. Ce qui a pour effet une sur-diffusion à grande échelle des informations les plus inquiétantes, insécurisantes. ----> Le besoin de sécurité est attaqué

    * Au fil des décennies notre société a donné de plus en plus d'importance à la réussite professionnelle, réussite publique, comme source d'estime de soi et à placé à l'extérieur de l'être sa capacité à s'estimer positivement. Or les difficultés économiques de notre zone remettent en question la place du salariat ----> L'estime de soi est fragilisée

    * L'influence grandissante de modèles de réussite et d'accomplissement basés sur la capitalisation de biens matériels prête à croire que l'accomplissement idéal soit situé sur des plans matériels et financiers. ----> L'accomplissement de soi paraît plus difficile à satisfaire

    Quant à notre besoin d'appartenance, il trouve satisfaction par des axes extrêmement divers. Et c'est là que les questions d'identité collective et de normes viennent créer des tensions.


Or pour combler ce besoin d'appartenance il faut le fonder sur des valeurs positives. Qui a envie de se sentir appartenir à une société qui exclue, qui discrimine, qui rejette, qui étouffe la différence ?

Pour faire 'société commune dans une société diverse' comme le suggérait le sociologue Olivier Noël, il faut définir ensemble ce qui fait société, ce que nous avons de commun.
De fait, tous ensemble dans un même pays nous formons une société, quel effet cela peut-il avoir de poser l'hypothèse que certaines personnes aient besoin de politiques d'intégration ou d'insertion ?
Tant que l'action publique visera des spécificités, l'Etat produira de la division, suscitera des catégorisations et des oppositions...

A un niveau plus individuel, ''Un à Un'', nous sommes tous différents c'est certain ; mais ce ne sont pas nos différences qui sont nos freins, ce sont nos propres peurs, nos propres croyances sur l'Autre.

A notre guise nous pouvons entrevoir ce qui nous oppose ou nous rassemble, n'est-ce pas là l'essentiel de la question que pose le manque d'harmonie à ''vivre ensemble'' ?
A nous de décider si nous passons une vie à apprendre à être solidaires, responsables individuellement et co-responsables de l'avenir de notre société... ou bien à chercher en l'autre ce qui fait souffrance dans notre vivre ensemble.

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