Arrêtez d'être !
Ceci
est un message du gouvernement pour vous aider à lutter contre les
discriminations dont vous êtes victimes. Arrêtez d'être ce que
vous êtes.
Par
son sous-titre la campagne ''Arrêtez d’être'' nous invite à rire
d'un sujet grave : faut-il cesser d'être soi pour être
considéré comme intégré à part entière dans notre société ?
Les
crispations se multiplient autour des enjeux identitaires. Mais d'où
vient cette rigidification de notre norme collective ?
A
en croire certains, être différent de la norme serait un péril
pour notre République. Mais qu'est-ce donc qu'être différent ?
Ne le sommes nous pas tous ?
De
par notre genre, notre culture, notre enfance, notre nationalité,
notre trajectoire de vie...de par nos goûts, nos convictions, nous
sommes tous différents.
Nous
sommes différents car nous nous façonnons avec des perception
différentes du monde qui nous entoure.
Libres
de nos opinions, de nos engagements, de nos choix ; nous menons
nos vies de manières différentes. Et nous différons de nous-même
par l'évolution de notre comportement au fil de notre vie (pas le
même à 20 ans qu'à 30, pas le même en face de ses parents ou de
ses enfants, etc..)
Cependant
nous sommes faits des mêmes affects, des mêmes étapes de vie... ce
sont les mêmes ressorts qui nous animent.
Nous
sommes tous différents, et pourtant si semblables...
Tout
être humain a des besoins fondamentaux similaires. Le psychologue
Abraham Maslow les classe par groupes de besoins :
- les besoins physiologiques,
- les besoins de sécurité,
- les besoins d'appartenance et d'amour,
- les besoins d'estime et
- le besoin d'accomplissement de soi
Autant
perfectible que puisse être sa théorie, elle a le mérite
d'éclairer ce qui est moteur de bon nombre de comportements
humains : la quête de satisfaction des besoins fondamentaux.
Nous
vivons dans une société d'abondance dans laquelle il est rare de
passer plus d'une journée sans trouver de l'eau potable à
disposition ou plus de deux jours sans trouver de nourriture
comestible gratuitement accessible ; ce qui n'est pas le cas de
millions d'autres personnes sur notre planète ----> Nos besoins
physiologiques sont satisfaits.
Il
n'en va pas de même pour tous nos besoins :
*
L'augmentation de la quantité d'informations à disposition de
chacun est constante ; nombreux sont les médias qui cherchent
leur audience en multipliant les images spectaculaires, le plus
souvent négatives. Ce qui a pour effet une sur-diffusion à grande
échelle des informations les plus inquiétantes, insécurisantes.
----> Le besoin de sécurité est attaqué
* Au
fil des décennies notre société a donné de plus en plus
d'importance à la réussite professionnelle, réussite publique,
comme source d'estime de soi et à placé à l'extérieur de l'être
sa capacité à s'estimer positivement. Or les difficultés
économiques de notre zone remettent en question la place du salariat
----> L'estime de soi est fragilisée
*
L'influence grandissante de modèles de réussite et
d'accomplissement basés sur la capitalisation de biens matériels
prête à croire que l'accomplissement idéal soit situé sur des
plans matériels et financiers. ----> L'accomplissement de soi
paraît plus difficile à satisfaire
Quant
à notre besoin d'appartenance, il trouve satisfaction par des axes
extrêmement divers. Et c'est là que les questions d'identité
collective et de normes viennent créer des tensions.
Or
pour combler ce besoin d'appartenance il faut le fonder sur des
valeurs positives. Qui a envie de se sentir appartenir à une société
qui exclue, qui discrimine, qui rejette, qui étouffe la différence ?
Pour
faire 'société commune dans une société diverse' comme le
suggérait le sociologue Olivier Noël, il faut définir ensemble ce
qui fait société, ce que nous avons de commun.
De
fait, tous ensemble dans un même pays nous formons une société,
quel effet cela peut-il avoir de poser l'hypothèse que certaines
personnes aient besoin de politiques d'intégration ou d'insertion ?
Tant
que l'action publique visera des spécificités, l'Etat produira de
la division, suscitera des catégorisations et des oppositions...
A
un niveau plus individuel, ''Un à Un'', nous sommes tous différents
c'est certain ; mais ce ne sont pas nos différences qui sont
nos freins, ce sont nos propres peurs, nos propres croyances sur
l'Autre.
A
notre guise nous pouvons entrevoir ce qui nous oppose ou nous
rassemble, n'est-ce pas là l'essentiel de la question que pose le
manque d'harmonie à ''vivre ensemble'' ?
A
nous de décider si nous passons une vie à apprendre à être
solidaires, responsables individuellement et co-responsables de
l'avenir de notre société... ou bien à chercher en l'autre ce qui
fait souffrance dans notre vivre ensemble.
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