mercredi 27 mars 2013

Egalité ou diversité? - éléments de réflexion

Extrait de l'article "L'éloge de la diversité ou le racisme bienveillant" paru sur Lecourrier.ch

On ne dit pas Noir et Arabe, mais «issu de la diversité». L’éloge de cette expression galvaudée, c’est l’histoire d’une fausse bonne idée qui a émergé en France dans les années 2000. Ou la manifestation d’un glissement progressif de la lutte contre les discriminations vers la promotion de la différence, que s’est attachée à raconter la politologue française Réjane Sénac.
Pourquoi s’intéresser à la notion de diversité?
Réjane Sénac: Mon questionnement est né alors que naissaient en France des chartes de la diversité destinées aux entreprises, qui ont vite été suivies par l’apparition des «ministres de la diversité» sous Nicolas Sarkozy. Pourquoi utiliser le terme de diversité et non pas celui de différence? Mon hypothèse est que la promotion de la diversité institutionnalise une égalité dans la différence, ou plutôt une égalité sous conditions.
C’est-à-dire ?
Ceux qui sont qualifiés de différents sont inclus non pas parce qu’ils sont égaux, mais parce qu’ils sont différents. Leur différence doit être en plus performée, – au sens de théâtraliser, avec le risque de l’essentialiser. Le devoir d’excellence est doublé d’un devoir de représentativité de la communauté d’origine assignée avec pour objectif de «rentabiliser» les politiques d’égalité d’un point de vue managérial ou électoral.
Les représentants du secteur économique que j’ai interrogés, comme L’Oréal ou Adecco, m’ont clairement parlé de la diversité comme d’une source de performance, en termes de stratégie marketing – c’est l’assurance d’un marché diversifié qui touche certaines minorités ethniques – et surtout en termes d’image.

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